Pour qui arrive à Lorgues, la collégiale Saint-Martin s’impose par sa silhouette vigoureuse dans le paysage lorguais depuis deux siècles.

Histoire

Au début du XVIIIème siècle, la chapelle Notre-Dame-de-Beauvoir est trop endommagée, plus encore que la vieille église Saint-Martin, dans le castrum, pour accueillir la population grandissante. Fut donc décidée la construction d’une importante collégiale, sur le site de Notre-Dame-de-Beauvoir, au sud -est de la ville nouvelle. On y  transfèrera  le collège de chanoines, qui existait à Lorgues depuis 1421.

Monseigneur de Fleury, évêque de Fréjus et futur ministre de Louis XV, posa la première pierre en 1704, mais le bâtiment ne fut achevé qu’en 1729, après moult difficultés, financières en particulier, mais le chantier, outre les soucis pécuniaires,  subit aussi l’invasion autrichienne de 1707, l’hiver glacial de 1709 et l’épidémie de peste de 1720. Cependant la relative rapidité de la construction permit, malgré le changement d’architecte, de conserver une unité de style. Cependant il s’avéra rapidement que les options architecturales, les matériaux choisis, dans un souci d’économie, entraîneraient des faiblesses structurelles du monument et donc de nombreuses réparations.

Il fallut encore décorer l’intérieur, qui ne fut achevé qu’en 1788. Mais la période révolutionnaire détruisit à peu près tout l’intérieur, à l’exception notable du maître autel, racheté auparavant aux Observantins de Marseille. Les objets de culte précieux, peintures, sculptures furent détruits ou disparurent, le bâtiment fut repeint en gris et devint une écurie et un entrepôt, effaçant toute vocation religieuse à l’édifice. Il fut aussi un temps « temple décadaire », voué au culte révolutionnaire de la Raison, puis vendu comme « bien national », il est aujourd’hui propriété de la Mairie de Lorgues. Napoléon Bonaparte rendit l’église à sa destination religieuse en 1801. Tout le XIXème siècle s’employa à restaurer son ancienne splendeur intérieure. La congrégation du Saint-sacrement -Corpus Domini- en particulier s’attela à cette lourde tâche. 

L’église fut classée Monument historique en 1909, et a subi de nombreuses campagnes de restauration, dans les années 1970 et surtout une restauration totale de 2014 à 2018. Le chantier fut assuré par les Monuments historiques et la Mairie de Lorgues, propriétaire des lieux.

L’église est ouverte tous les jours de 9h à 12h et de 14h à 17h, grâce aux bénévoles qui veillent sur elle. Les Amis de Saint-Ferréol et du Vieux Lorgues (ASFVL) ont écrit un livret de visite disponible gracieusement à l’OTSI.

L’extérieur

Les vicissitudes du terrain n’ont pas permis que l’église soit orientée, et la façade néo-classique ouvre ses trois portes du côté nord.

La façade est ornée de deux statues des saints patrons de Lorgues : à l’est, Saint-Ferréol, dans son costume de centurion romain, et à l’ouest, Saint-Martin, revêtu de son costume d’évêque de Tours. Entre les deux, au-dessus de la porte principale, la Vierge Marie veille sur l’édifice. Les trois statues furent érigées lors du centenaire de la consécration de l’église, respectivement en 1888 et 1884.

L’intérieur

Ce qui frappe le plus le visiteur, c’est la taille de l’ensemble (longueur: 56.5 m / largeur: 31.0 m / hauteur de la nef centrale : 22.5 m / hauteur des bas-côtés: 14.0 m) et la très grande harmonie des volumes. La collégiale Saint-Martin est ainsi le deuxième plus important bâtiment du Var, après la basilique de Saint-Maximin.

Seul l’ornement intérieur, le maître autel en particulier, est d’inspiration baroque, avec ses sculptures en marbre polychrome, tandis que l’architecture intérieure est plutôt dépouillée, d’inspiration classique. La nef centrale est soutenue par de puissants piliers cruciformes, reliés entre eux par une double arche, à travers laquelle on découvre les chapelles situées sur les bas-côtés.

Tout à fait remarquable est la chaire en chêne de Hongrie, travail du XIXème siècle. Elle est ornée des statues de Saint-Ferréol et Saint-Martin, et l’abat-voix est surmonté des figures des trois vertus théologales, Foi, Espérance et Charité.

L’orgue est en attente de restauration et retrouvera bientôt sa place et sa voix au-dessus du porche intérieur.